Qui est Mirakl, la nouvelle licorne française ?

La jeune pousse éditrice d’une solution de création de marketplaces B2B et B2C continue son bonhomme de chemin. Après avoir levé 70 millions d’euros en 2019, elle annonce un nouveau tour de table mené par Permira à 300 millions d’euros. Mirakl intègre ainsi le club des licornes. 

Une nouvelle licorne entre au club : il s’agit du Français Mirakl. La jeune pousse fondée à Paris en 2012 annonce la levée de 300 millions de dollars auprès du fonds Permira et de ses investisseurs historiques. L’entreprise n’en est pas à son coup d’essai : elle a déjà empoché 70 millions de dollars lors d’un précédent tour de table début 2019. Pourquoi une nouvelle levée de fonds moins de 18 mois plus tard ? 

Le modèle de plate-forme est plus critique que jamais. Au cours des 6 derniers mois, nous avons été témoins du changement du monde et les entreprises ont besoin de toute urgence de modèles commerciaux résilients plus évolutifs et flexibles” explique dans un post de blog ses fondateurs, Philippe Corrot et Adrien Nussenbaum (photo ci-dessus). “Seules les plates-formes et les marchés offrent une productivité, une agilité et une flexibilité améliorées qui leur permettront de prospérer dans un monde de plus en plus numérique”. 

Une plateforme connectée

Lors de la dernière soirée de la French Tech, Mirakl était l’une des trois startups à s’exprimer sur scène. Son patron, Philippe Corrot, y revenait sur l’association de sa jeune entreprise et du ministère de l’Economie en pleine crise sanitaire. Bercy avait fait appel à Mirakl pour créer une plateforme, en 48h, permettant aux industriels d’entrer en relation avec le secteur de la santé, de sorte à faciliter l’approvisionnement des hôpitaux en matériels et répondre à la pénurie de masques, de gel hydroalcoolique, etc... 65 millions de masques et un million de litres de gel ont transité par stopcovid19.fr. 

Il expliquait alors que “grâce à la technologie de Mirakl, les distributeurs peuvent concurrencer les géants” que sont Alibaba, Amazon, Uber et consorts. Mais cette technologie, en quoi consiste-t-elle ? Dans sa documentation, l’entreprise est particulièrement avare en détails techniques. Mais on en retient que sa plateforme s’appuie sur des APIs (API REST standard et SDK pour Java et PHP) permettant de connecter le système du client à son écosystème e-commerce, ses fournisseurs par exemple. Ses brochures expliquent notamment les intégrations possibles avec SAP Commerce Connector, avec Salesforce Commerce Cloud et avec Magento.

Automatisation

Le tout est agrémenté d’une bonne couche d’automatisation, destinée justement à réduire les délais et coûts de développement : accueil de nouveaux vendeurs, gestion et intégration de leur catalogue, communication avec les clients et les vendeurs, paramétrage et gestion de règles pour la livraison, la logistique, le service client, la performance des vendeurs.... Tel est le coeur de Mirakl, auquel vient donc se greffer la marketplace elle-même ainsi que l’ensemble des intégrations nécessaires par APIs et, au-dessus, se superposent les différents produits et services de la jeune pousse (Catalog Manager, Service Marketplace, B2C Marketplace et B2B Marketplace). 

C’est cette architecture qui permet donc à Mirakl de développer en 48 heures la plateforme stopcovid19.fr. Et qui attire quelque 300 clients parmi lesquels Carrefour, Fnac-Darty, le Canadien BestBuy, Auchan, BHV Le Marais, Office Depot, Les Galeries Lafayette, LDLC, Metro ou encore Moët Hennessy. Des clients qui, accessoirement, ne sont pas du genre à vendre leurs produits sur Amazon ou Alibaba, généralement perçus comme des concurrents à leurs propres activités de distribution. 

Un millier de nouveaux emplois sur trois ans

Ce positionnement a sans nul doute attiré l’attention des investisseurs, d’autant que Mirakl n’a pas connu la crise lors de la pandémie. En six mois, le volume d’affaires réalisé sur les marketplaces créées par ses clients a doublé, soit 1,2 milliard de dollars générés en un semestre. Sur la même période, la jeune pousse a poursuivi ses recrutements et a débauché chez Cdiscount et Accenture. 

En résumé, les astres sont alignés pour l’entreprise et sa stratégie de plateforme. Et Permira ne s’y est pas trompé. “Mirakl est en train de s’établir en tant qu’acteur incontournable de l’économie de plateforme” souligne Alexandre Margoline, Partner et Président de Permira France. “Les opportunités de croissance que représente ce modèle sont quasiment sans limite et ceci est valable pour l’ensemble des secteurs, à la fois B2C et B2B”. Avec cette levée de fonds, Mirakl est désormais valorisée 1,5 milliard d’euros et intègre le club des licornes européennes, rejoignant son compatriote Voodoo. 

Vers la bourse ?

Ces 300 millions de dollars serviront à la jeune pousse à recruter un millier de nouveaux salariés d’ici à 2023, dont 300 ingénieurs en France qui auront pour tâches de développer Mirakl Connect, plateforme interconnectant les utilisateurs des solutions de l’entreprise et de toujours plus enrichir les capacités d’automatisation et les connecteurs API. 

Elle entend en outre renforcer ses effectifs de commerciaux et ses équipes en charge du conseil et de la relation client, et enfin accélérer son développement à l’international, en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique Latine, où elle est déjà implantée, mais aussi en Asie où quelques plateformes locales, Taobao d’Alibaba par exemple, règnent en maître. Et peut-être entrer en bourse... Dans leur billet de blog, ses deux fondateurs écrivent avoir encore "de grands projets à [n]ous partager", suivi d'une photo des locaux du Nasdaq. Difficile de faire plus explicite.