6 mois de RGPD de plus en Grande-Bretagne

On pourrait presque s’exclamer “pas trop tĂŽt !” : Grande-Bretagne et Union europĂ©enne se sont enfin accordĂ©s sur un texte, normalement en vigueur au 1er janvier 2021, permettant la sortie du Royaume-Uni de l’UE, ou Brexit pour les intimes. Parmi les trĂšs nombreuses dispositions contenues dans ce document, certaines sont relatives au cadre europĂ©en sur la protection des donnĂ©es personnelles. Le RGPD restera ainsi en vigueur outre-Manche jusqu’au 1er juillet 2021.

Le texte noircit quelque 1200 pages et couvre une grande variĂ©tĂ© de domaines, de la pĂȘche aux passeports... et permet au Royaume-Uni de quitter l’UE, quatre ans et trois gouvernements britanniques aprĂšs le rĂ©fĂ©rendum en faveur du Brexit et aprĂšs 10 mois de nĂ©gociations acharnĂ©es autour de ce nouvel accord de commerce et de coopĂ©ration conclu le 24 dĂ©cembre 2020. 

Celui-ci doit encore faire l’objet d’un vote dans chacune des deux chambres du Parlement outre-Manche mais, sauf surprise, doit entrer en vigueur au 1er janvier. Mais, en ce qui concerne le RGPD, rien ne changera Ă  cette date. En effet, le rĂšglement restera en application en Grande-Bretagne pour encore six mois, jusqu’au 1er juillet 2021. Soit un semestre de sursis laissĂ© aux entreprises et autres organisations afin qu’elles se mettent en conformitĂ© avec la rĂ©glementation europĂ©enne.

Car Ă  compter de juillet, et faute d’une dĂ©cision de la Commission allant dans le sens d’une autorisation gĂ©nĂ©rale des transferts de donnĂ©es vers le sol britannique (un Privacy Shield en somme), tout transfert sera considĂ©rĂ© comme Ă©tant effectuĂ© vers un pays tiers, et non plus intra europĂ©en. Avec tout ce que cela implique en termes de garanties Ă  mettre en place, des clauses contractuelles types aux droits opposables et aux voies de recours, nous dit la Cnil dans une fiche explicative

GalÚre des deux cÎtés de la Manche

Mais attention toutefois, car plusieurs changements entreront en vigueur au 1er janvier. Notamment la fin du mĂ©canisme de guichet unique en vigueur jusqu’à prĂ©sent. L’ICO anglaise ne participera plus Ă  ce “mĂ©canisme de supervision et coopĂ©ration rĂ©glementaire”. “Dans ces circonstances, les responsables du traitement et les sous-traitants Ă©tablis uniquement au Royaume-Uni et dont les activitĂ©s de traitement sont soumises Ă  l'application du RGPD en vertu de l'article 3, paragraphe 2, du RGPD seront tenus Ă  partir du 1er janvier 2021 de dĂ©signer un reprĂ©sentant dans l’Union conformĂ©ment Ă  l'article 27 du RGPD” explique la Cnil. 

Le gendarme français des donnĂ©es personnelles prĂ©cise que le CEPD, groupement des Cnil europĂ©ennes, a travaillĂ© ces derniers mois Ă  mettre en place une transition aussi fluide que possible avec l’ICO, notamment au regard des plaintes existantes. Toutefois, tant que demeure le flou sur la mise en place d’un Ă©ventuel Privacy Shield avec le Royaume-Uni, la situation des transferts entre l’Europe et la Grande-Bretagne risque de sĂ©rieusement se compliquer dans six mois.