Le sport, vitrine des technologies

Le Levi Stadium maison des 49ers (FourtyNiners) de San Francisco en NFL. Le sport est envahi par la technologie à tous les niveaux. De l’entraînement du sportif à la mise en condition du supporter, jusque devant sa télévision, la technologie règne en maître. C’est à croire que la technologie domine le sport lui-même ! On s’était habitué à voir le logo des entreprises technologiques sur les bolides en Formule 1, ou comme sponsor des bateaux à voile engagés dans les courses au large, la Route du Rhum et autres Trophée Jules-Verne. Depuis peu le phénomène techno touche tous les sports : football, rugby, tennis ; même les sports « d’esprit », comme les échecs ou le go, passent sous la coupe de la technologie. Car elle est présente à toutes les étapes d’une compétition sportive, à tel point qu’elle va jusqu’à changer des règles séculaires. Ainsi la VAR, la vidéo lors des matchs de football a incontestablement modifié le déroulé des compétitions, tout comme la « goal line » ou le « hawk eye » en tennis. Il n’en reste pas moins que la décision reste à l’arbitre et à son appréciation donnant ainsi l’occasion de multiples gloses et débats le plus souvent inutiles du fait qu’il est très rare que les fédérations reviennent sur une décision prise lors d’un match. Seul exemple, l’annulation de la suspension d’un joueur à la suite d’un carton rouge, finalement jugé trop sévère.

Sous le maillot, une brassière GPS

La révolution du Big Data et la possibilité de traiter très rapidement un volume de données important est à l’origine du phénomène de l’analyse des performances des sportifs ; le phénomène est déjà ancien. Aux États-Unis, Billy Beane fût un précurseur comme coach des Oakland Athletics, une équipe de Base Ball. Il a été l’un des premiers à s’appuyer sur les statistiques à la fois pour composer son équipe mais aussi pour analyser la performance de joueurs avec des résultats qui, à l’époque, ont surpris tous les observateurs malgré le conservatisme et le rejet de ses méthodes même à l’intérieur de son club. Un film célèbre, Moneyball en anglais ou Le Stratège dans sa version française, avec Brad Pitt dans le rôle principal, a été réalisé sur son expérience. Aujourd’hui, tous les sports américains se sont convertis : NFL, NHL, NBA… En rugby, cela fait plus de dix ans que les Néo-zélandais ou les Australiens ont recours à différentes technologies pour améliorer la performance des joueurs dès l’entraînement. Au football, le phénomène est plus récent. Mais aujourd’hui tous les sports s’appuient sur des technologies de ce type pour améliorer les performances des athlètes en tous genres, et ce, quel que soit leur niveau. Billy Beane, le coach de l’équipe de Base Ball des Oakland Athletics, a été un précurseur de l’exploitation de la technologie dans le sport de haut niveau. La principale utilisation se réalise à partir de capteurs GPS placés dans les maillots ou dans une brassière portée sous le maillot. Ce capteur, ainsi que d’autres sur les maillots, enregistre différents paramètres comme la fréquence cardiaque, le volume d’oxygénation… Côté rugby, le capteur est placé entre les omoplates, seule zone où il ne risque pas de blesser le joueur lors d’un choc ou d’une chute sur le dos du fait du volume des muscles trapèzes. Il enregistre aussi la vitesse et les déplacements des joueurs. Un accéléromètre enregistre et comptabilise les chocs au-delà des 3G (plus de 3 fois le poids du corps). Un choc entre joueurs est aujourd’hui de l’ordre de 6G, pas si loin des 9G qu’encaisse parfois un pilote de chasse dans son appareil. Autre innovation à Clermont-Ferrand où les entraînements et les matchs sont suivis par des drones qui filment l’ensemble des évolutions sur le terrain.

Améliorer la vision du jeu

Les entraînements de football du TSG Hoffenheim, près de Stuttgart, s’appuient sur des techniques très fines qui ont recours à la vidéo et à la psychologie cognitive. Julian Nagelsmann, l’entraîneur du club, a fait installer des caméras tout autour du stade pour visualiser ce qui se passe pendant l’entraînement ; il réunit les joueurs en fin de séance pour indiquer à chacun les points à améliorer. Par ailleurs, le club s’est équipé d’un écran de la taille d’une pièce qui rend la visualisation d’un terrain en taille réelle. Jusqu’à cinq footballeurs s’alignent sur l’écran que regarde un de leurs coéquipiers. Les cinq joueurs courent ensuite dans tous les sens et reviennent s’aligner devant lui. Ce dernier doit retrouver les places qu’ils occupaient lors du premier alignement. Cet exercice spectaculaire a pour but d’augmenter la vision du jeu du joueur mais aussi d’améliorer sa prise de décision en match afin de passer le ballon au bon moment. Au FC Barcelone, les techniques utilisées sont plus proches de celles constatées dans d’autres sports, comme au rugby avec un boîtier enregistreur de différents paramètres à partir duquel les informations sont transmises en WiFi – ou autres protocoles de connexion – vers les ordinateurs des préparateurs physiques pour calibrer la charge de travail pour chaque joueur. Une particularité cependant, un logiciel pour suivre le sommeil du joueur pendant son temps de repos. En fait un contrôle indirect de son mode vie et de son hygiène sportive ! En effet, l’entraînement doit être adapté en fonction de chaque joueur pour éviter une charge trop lourde et donc un risque de blessure qui rendrait indisponible le joueur et, pour les jeunes joueurs, obérerait leur progression. Au Stade Toulousain par exemple, les entraînements ont une granularité très fine, en particulier pour les équipes Espoir ou Junior et ainsi éviter la casse lors des différents exercices. Les analyses des préparateurs physiques se font en temps réel suivant les données reçues depuis les capteurs précités.

Un faible taux de blessure améliore le classement

Un exemple probant sur ce point est la performance de Getafe, un club de football de la banlieue madrilène qui a terminé à une très honorable 5e place lors du dernier championnat d’Espagne. L’équipe explique son classement final par un très faible taux de blessure au cours de la saison, soit huit blessures. En comparaison le Real Madrid a connu trente blessures. Le club du Getafe utilise un logiciel développé par deux anciens agents du Mossad, le service de renseignement israélien, pour étalonner son entraînement. Le TSG Hoffenheim, près de Stuttgart, s’appuie sur des techniques très fines lors de ses entraînements en ayant recours à la vidéo et à la psychologie cognitive. Les mêmes technologies sont utilisées pendant les matchs permettant aux coachs et différents spécialistes de prévoir les changements, de revoir la tactique et de sérier les performances des joueurs. Les analyses de SAP pour la Mannschaft allemande lors de la Coupe du monde 2014 au Brésil, remportée par elle, et l’utilisation faite de celles-ci par son coach Joachim Löw avait été largement mise en avant. Depuis, l’ensemble des équipes nationales de football se sont équipées. Dans les tournois WTA, le classement féminin du tennis mondial, SAP fournit des statistiques pour les coachs qui peuvent échanger pendant la minute de repos avec la joueuse pour lui indiquer comment adapter son jeu face à son adversaire. Le logiciel analyse l’ensemble des points avec les angles de balles utilisés ainsi que des statistiques sur les points réalisés : coup droit, revers, premier service, zones de services, zones de retour de service… Tous est revu en temps réel et offre la possibilité au coach de mieux encadrer la joueuse et de lui fournir des éléments utiles pour son match. Tous les clubs que nous avons cités connaissent la réussite, non seulement par la technologie appliquée aux sportifs mais aussi parce qu’ils ont les moyens financiers pour le faire avec des supporters engagés venant au stade et dépensant souvent des sommes importantes sur des produits dérivés comme les maillots. À Barcelone, la boutique du FC Barcelone s’étend sur un immeuble entier où vous pouvez trouver à peu près tout ce que vous souhaitez estampillé du logo du club. Au rugby, un capteur GPS est placé entre les omoplates, seule zone où il ne risque pas de blesser le joueur lors d’un choc ou d’une chute sur le dos, grâce au volume des muscles trapèzes. Tout est fait pour que le fan reste en contact avec son club de cœur. Application mobile, SMS, statistiques, soirée dédiée avec des concours, accès préférentiel au stade avec la possibilité de choisir son siège, sont présents pour que le supporter se sente comme chez lui, que ce soit en dehors ou dans l’enceinte du stade. Des efforts importants sont réalisés par les clubs en ce sens. Ceux de Premier League anglaise feraient la course en tête dans ce domaine, mais le phénomène arrive petit à petit en France avec les stades de Lyon, Nice et d’autres : là par un réseau de communication WiFi, le fan peut revivre l’action qui vient de se dérouler ou commander une boisson et un sandwich sans bouger de son siège en payant sur l’application du club.

Des supporters toujours plus supporter…

Il est désormais possible d’aller au stade sans avoir sur soi le moindre cash, tout est prépayé ou par le canal de l’application. Le Miami Heat, un club de NBA (National Basket Association), un des clubs américains les plus renommés, a vu la plupart de ses meilleurs joueurs partir vers d’autres rêves de titre. Le Miami Heat s’est vu ainsi redevenir une équipe moyenne. Or, par l’intermédiaire d’une application mobile et d’outils d’analyses sur les segmentations de supporters, le club a réussi, en ce temps de vaches maigres, a augmenter ses revenus de 10 % tout en engageant davantage ses fans. Cette expérience est quasi commune dans les salles, terrains ou patinoires américaines. Que ce soit le Levi’s Stadium, à Santa Clara, la SAP Arena, à San Jose, la maison de l’équipe des Sharks, au hockey sur glace, la plupart des équipements sont ainsi prêtes à accueillir le supporter dans les meilleures conditions.

… même à la maison

Ce phénomène touche aussi les fans lorsqu’ils décident de rester chez eux avec la possibilité par des télévisions connectées de faire des commentaires sur les réseaux sociaux, de dialoguer avec des membres de l’équipe ou du staff avant, pendant et après le match et recueillir ainsi les impressions des fans sur le spectacle. Par l’application, ceux-ci reçoivent les mêmes statistiques que ceux présents dans l’enceinte du stade et comme eux ils peuvent visualiser les actions en replay. Bon, soyons clair, tout cela se fait sur des messages surtaxés et l’engagement du fan est là pour donner les moyens au club de se développer, d’acheter des stars qui feront venir d’autres supporters et de fidéliser les fans existants, etc. Bref, tout cela soutien le sport business qui nécessite aujourd’hui d’avoir un spectacle de qualité, donc des sportifs au top de leur forme pour fournir un beau spectacle et procurer des émotions au fan présent, prêt à dépenser ses deniers en tickets, produits dérivés et autres animations. La tendance est inéluctable et les clubs qui ne s’y convertissent pas devront revoir leurs ambitions à défaut de disparaître.