DISCAC : une digitalisation exemplaire pour la PME industrielle


Intranet et gestion électronique des documents
En 2017, Discac et Digitall Conseil mènent deux premiers projets de front : la mise en place du site intranet pour accompagner le déménagement et le déploiement de la GED. « Nous avons mis en place un site intranet basé sur Wordpress, avec un prestataire. Ce site d’information sur le déménagement était mis à jour tous les mois, avec des photos et du texte explicatif », indique Gilbert Dacunha, responsable de projets informatiques de Discac. « Un espace d’échanges permettait également aux collaborateurs de poser toutes leurs questions. Des réponses ont été fournies par la direction générale et les différentes responsables d’équipe. Pour les plus récurrentes, une FAQ a été publiée. Les questions portaient principalement sur ce qu’allait être le quotidien des salariés dans les nouveaux locaux – les badges d’accès, les vestiaires. » Cet intranet a facilité le déménagement, qui était source de nombreuses interrogations, explique la PME. Les photos de la construction des nouveaux locaux, régulièrement mises à jour, ont notamment donné « une dimension concrète au projet ». Pour Cédric Gauchet : « Ce support de communication digital a été très intéressant à exploiter avec de bons résultats en matière de conduite du changement. Cela nous a aidés à éviter des points de crispation, qui résultent souvent d’un manque d’information. » Plus complexe à mettre en œuvre : la GED a nécessité de nombreux échanges entre les équipes, à commencer par l’administration des ventes, première concernée. C’est en effet ce pôle d’une dizaine de personnes qui utilise le plus de documents papier, dont les bons de commande qu’elle doit saisir dans l’ERP. « J’ai participé au groupe de projet GED, piloté par Digitall Conseil, et la voix des équipes opérationnelles a été entendue. Notre crainte était d’avoir un outil sur étagère qui ne corresponde pas à nos besoins spécifiques, à notre façon de travailler », explique Anna Ferchaud, ancienne responsable du pôle administration des ventes devenue récemment chargée de relation client (lire l’encadré). « Comme nous avons été impliquées dans toutes les étapes du projet, la quasi-totalité de nos demandes a été satisfaite, même s’il reste encore quelques détails à finaliser. »

Une mise à jour de l’ERP “ douloureuse ”
Si l’administration des ventes est la première équipe à bénéficier de la GED, l’objectif est de déployer la solution auprès de l’ensemble des métiers en 2020, notamment la comptabilité et les commerciaux. « Pour ses derniers, nous travaillons sur un accès depuis un smartphone. L’idée est de leur permettre d’accéder aux documents et au suivi de commande, mais à distance, car ils passent une bonne partie de leur temps sur le terrain », explique Romain Langagne. Le déploiement de la GED a été la première grande étape du projet de digitalisation de Discac. Mais pour poursuivre sa transformation numérique, la PME a dû parallèlement stabiliser une importante mise à jour de son ERP, qui lui avait posé de nombreux problèmes par le passé. L’ERP est en effet la pierre angulaire de tous les processus, en particulier dans le monde de l’industrie. S’il n’est pas totalement fiable, aucune digitalisation n’est envisageable. Discac possédait une version de Microsoft Dynamics NAV datant de plus de dix ans et qui n’était pas réellement adaptée à son activité. En 2016, une évolution vers la version 2013 R2 “ Core Model Menuiserie ” a été entamée. Il s’agit d’une mouture verticalisée pour le secteur de la menuiserie. Mais la migration, réalisée à l’époque sans l’appui d’un cabinet de conseil, s’est révélée plus difficile que prévu. « Il s’agissait d’un ERP de trois générations plus récent que celui déjà en place. L’évolution était donc très importante », souligne Gilbert Dacunha. Et surtout : « Il y a eu des soucis de développement. Certaines fonctions se bloquaient entre elles. Par exemple : la création d’un bon de livraison pouvait bloquer les déclarations d’atelier, qui donnent les opérations à réaliser pour monter les meubles. Ce type de blocage entre processus survenait relativement fréquemment. » Pour résoudre ces dysfonctionnements, Discac a notamment recruté en 2017 un développeur Dynamics NAV. « La nouvelle version de l’ERP est aujourd’hui stabilisée, elle n’est plus source de problèmes et les données sont fiables », estime la direction informatique. Cette migration reste cependant un bien mauvais souvenir pour l’entreprise. « La mise à jour de l’ERP a été un projet compliqué et douloureux. Heureusement, elle est aujourd’hui derrière nous. L’ERP n’est plus un sujet de crispations, mais désormais un sujet positif », assure Cédric Gauchet. La preuve : un deuxième projet d’évolution de l’ERP est prévu, portant sur l’ajout d’une quarantaine de nouvelles fonctions en 2020. L’une des premières concerne la gestion des frais de transport, qui est spécifique à chaque client et n’est pas encore informatisée.
Montée en compétences et renfort de l’équipe informatique
Outre de stabiliser l’ERP, l’autre condition pour poursuivre la digitalisation de l’entreprise était d’étoffer l’équipe informatique. Digitall Conseil a pour cela réalisé un audit organisationnel et structurel du service informatique afin de « mettre en place la meilleure organisation en termes de ressources humaines ». « Je suis passé du poste de RSI à celui de responsable de projets informatiques (RPI), afin de pouvoir être à plein temps sur la digitalisation », explique Gilbert Dacunha. En 2019, Discac recrute un nouveau RSI pour prendre la suite de Gilbert Dacunha. Au final, l’équipe compte aujourd’hui quatre collaborateurs : un RPI, un RSI, un développeur Dynamics NAV et un autre développeur en charge des évolutions du « configurateur ». Ce dernier outil est un logiciel permettant de configurer les différents éléments des meubles en vue de lancer la production. Il s’agit du logiciel Smart Configurator édité par la société toulousaine Techform. « C’est un changement profond dans mon métier, une véritable avancée de carrière », poursuit l’ancien RSI. « Mon poste précédent n’était plus en phase avec notre projet de digitalisation. Je devais à la fois gérer le quotidien, donc sur du court terme, et la digitalisation, qui porte plutôt sur du moyen et long termes. Cela devenait très compliqué et la charge de travail trop importante. Nous avons donc scindé mon poste en deux : un RSI et un RPI. Désormais, je peux me concentrer sur les différents éléments de notre digitalisation. J’ai bénéficié d’un accompagnement de Digitall Conseil pour assurer ma montée en compétences, notamment sur la documentation de projet, ainsi que sa planification et son suivi. J’ai également été formé à la communication, car un projet de digitalisation requiert beaucoup d’échanges entre les équipes et de la pédagogie. » Tous les mois, Gilbert Dacunha présente l’avancée des projets à la direction générale et aux différentes responsables. Il participe également à l’organisation et à l’animation des groupes de travail. « Nous misons sur une méthodologie de développement inclusive, impliquant un maximum de collaborateurs dans les groupes de travail, à tous les niveaux de responsabilité, des manageurs aux opérationnels. Cela requiert beaucoup d’écoute et de pédagogie, mais c’est le meilleur moyen de réussir la conduite du changement. »
Prochaine étape : informatiser les échanges de données clients
Pour 2020 : Discac et Digitall Conseil travaillent à la mise en place d’une plate-forme d’échange de données informatisé (EDI) pour ses clients cuisinistes. Cela passe tout d’abord par une uniformisation de ses catalogues. Aujourd’hui, ils doivent en effet être réalisés en quatre versions, une par logiciel de conception 3D des cuisinistes (Winner de Compusoft, Fusion de 2020, InSitu de Transtechnology et Agencement Flash d’Idea Informatique). « Nous envoyons nos catalogues, en format PDF, aux quatre principaux éditeurs de logiciels de conception 3D. Ils les transposent alors dans leur format respectif. C’est une opération relativement longue, qui peut prendre de 8 à 12 semaines », confie Gilbert Dacunha. Avec la plate-forme EDI, ce délai pourrait être ramené à 4 voire 2 semaines. « Grâce à l’EDI, il n’y a plus de transposition pour chaque logiciel. Nous avons unifié les données des catalogues via l’outil Furnidata de Compusoft. Ces données sont envoyées par notre bureau d’études directement aux logiciels installés chez les cuisinistes. Nous utilisons pour cela le protocole Eancom, un langage de communication EDI permettant de structurer les fichiers échangés ». Outre faciliter les échanges, l’EDI permet également de réduire les risques d’erreurs de traduction des catalogues dans les différents formats. C’est également un atout stratégique. « L’EDI devient un standard chez les leaders de notre secteur. Nous devons rester compétitifs face à eux. L’EDI devrait fidéliser considérablement notre clientèle et nous permettre de gagner de nouveaux clients. Les dossiers sont traités plus rapidement et les risques d’erreurs sont considérablement réduits », résume Cédric Gauchet. Les développements techniques de l’EDI sont aujourd’hui finalisés. En 2020, la phase de déploiement auprès des clients va débuter. Elle commencera par un premier client témoin, qui testera la plate-forme pendant 1 à 2 mois. Ensuite, la solution sera déployée auprès d’une dizaine de clients, puis généralisée au millier de cuisinistes travaillant avec Discac. Tous ne sont cependant pas encore informatisés et l’EDI ne devrait donc concerner que 60 % d’entre eux. « Nous allons accompagner les 40 % restants pour qu’ils se digitalisent aussi », indique-t-on chez Discac. En 2020, une commande sur deux, devrait déjà passer par l’EDI.
Informatisation de l’atelier et nouveau site web
En 2020, Discac prévoit également de finaliser deux autres projets de digitalisation. Le premier est la refonte de son site internet, qui date de 2015. Au programme : une nouvelle charte graphique, des contenus à destination du grand public, mais aussi un nouvel espace pro. « Chaque client disposera de son espace en ligne où il pourra suivre ses commandes, télécharger des documents comme des photos des meubles, ou échanger avec nous », indique Cédric Gauchet. Cet espace intégrera également des données statistiques sur les produits les plus vendus via un tableau de bord des ventes. Ce nouveau site web doit être en ligne pour ce printemps. Deuxième projet, qui devrait durer au moins jusqu’en 2021, la modernisation et la digitalisation de l’appareil de production. Outre l’ajout de nouvelles machines-outils, des écrans seront déployés dans l’atelier pour faciliter le montage des meubles. Ils remplaceront la documentation papier aujourd’hui utilisée par les opérateurs. « Ce sera plus performant et plus écologique », indique Romain Langagne. Ces écrans permettront également aux opérateurs de renseigner l’ERP sur l’avancée des opérations. « Nous allons réaliser un déploiement progressif, d’abord sur quelques postes tests et sur une partie des fonctionnalités. En fonction des retours, nous généraliserons le dispositif sur l’ensemble des postes en 2020 et ajouterons des fonctionnalités », précise Gilbert Dacunha. Un logiciel de pilotage de la production, de type MES (Manufacturing Execution System), doit également être déployé prochainement. Il doit permettre de superviser la production en temps réel afin d’accroître la productivité. Ce projet est en cours de réalisation depuis 6 mois. Enfin, Discac réfléchi à externaliser une partie de ses infrastructures dans le Cloud. Une première étape serait de déployer Microsoft Office 365 pour le personnel commercial et cadre, dès cette année. « Les principaux bénéfices de notre digitalisation seront perceptibles dans les mois à venir. Car c’est la conjonction de différentes solutions, dont la GED, le MES et l’EDI, qui donnera des effets tangibles », estime Cédric Gauchet. « L’objectif final est bien entendu de gagner de nouveaux marchés et de développer notre chiffre d’affaires ». À l’horizon 2025, Discac espère ainsi passer la barre des 30 millions d’euros de revenus. « En interne, le digital doit aussi améliorer les conditions de travail et nous permettre d’aborder les périodes chargées – par exemple les mois de juin et juillet – avec plus de sérénité », conclut-il. Selon Digitall Conseil, la digitalisation de Discac est exemplaire sur le secteur des PME industrielles, qui sont peu nombreuses à oser franchir le cap. « Ce projet est notable, de par la vision d’ensemble insufflée par la direction générale et donc la complémentarité des sujets traités », souligne Maxime Mario. « Les équipes de Discac ont progressivement pris le relais en interne, en matière de conduite de projets, ce qui est rare », conclut le cabinet de conseil.« La GED est une révolution pour notre métier d’administration des ventes »
Anna Ferchaud
