Etats-Unis : Meta accusé de nuire à la santé mentale des enfants

Les plaignants accusent Meta d’avoir conçu des fonctionnalités pour Facebook et Instagram qui incitent ses jeunes utilisateurs à utiliser ses applications de manière « compulsive et prolongée ».  

42 États américains ont porté plainte contre Meta, maison mère de Facebook, WhatsApp ou encore Instagram, qu’ils accusent d’exploiter et de manipuler les plus jeunes. Les plaignants reprochent à l’entreprise d’avoir conçu ses plateformes Facebook et Instagram de manière à créer une dépendance chez les jeunes utilisateurs, au détriment de leur santé mentale.

Dans le détail, 33 États ont mené une action en justice conjointe affirmant que Meta a violé les lois sur la protection des consommateurs, a piégé injustement les enfants et a trompé les utilisateurs sur la sécurité de ses plateformes. S’en sont suivies les plaintes du District de Columbia et de huit autres États pour sensiblement les mêmes motifs.

Meta c’est comme le tabac

Les États accusent Meta d’avoir conçu des fonctionnalités spécialement pour inciter les jeunes utilisateurs à utiliser ses applications « de manière compulsive et prolongée », comme le défilement à l’infini, les exposant du même coup à des contenus nocifs. Les procureurs fédéraux reprochent également à Meta d’avoir violé une loi sur la confidentialité des enfants en ligne en collectant illégalement leurs données personnelles sans autorisation parentale préalable.

Certains plaignant se sont même risqués à comparer leur action en justice à celles intentées contre l’industrie du tabac. « Tout comme les grandes sociétés de tabac et de vapotage l'ont fait dans le passé, Meta a choisi de maximiser ses profits au détriment de la santé publique, en nuisant spécifiquement à la santé des plus jeunes d'entre nous », a déclaré Phil Weiser, procureur général du Colorado, dans un communiqué. Les plaignants demandent des sanctions financières et le retrait de certaines fonctionnalités.

Meta « déçu » par la décision des procureurs généraux

Ces actions en justice sont l’aboutissement de mois d’enquête sur les méthodes des deux plateformes. Elles interviennent deux ans après que Frances Haugen, une ex-employée de l’entreprise, a fait fuiter 20 000 pages de documents internes et avait accusé Meta de faire passer les profits avant la sécurité de ses utilisateurs. En mai 2023, c’est Dr Vivek Murthy, médecin aux Etats-Unis, qui a alerté dans un rapport sur les effets nocifs des réseaux sociaux sur les plus jeunes et leur impact sur la « crise nationale de la santé mentale des jeunes ».

De son côté, Meta a déclaré à l’AFP être « déçu que les procureurs généraux aient choisi cette voie au lieu de travailler de manière productive avec les entreprises du secteur pour créer des normes claires et adaptées à l'âge pour les nombreuses applications utilisées par les adolescents ». L’entreprise a dit partager « l’engagement des procureurs généraux à fournir aux adolescents des expériences en ligne sûres et positives », rappelant au passage avoir intégré des dizaines d’outils « pour soutenir les adolescents et leurs familles ». La firme de Menlo Park a par exemple ajouté un outil permettant aux parents de traquer les activités de leurs enfants sur les plateformes.