La France cherche une alternative « française ou européenne » à Palantir

Le gouvernement aimerait bien se débarrasser de Palantir, entreprise américaine spécialisée dans le Big Data, dont le renseignement intérieur français utilise les solutions depuis 2016 notamment dans le cadre de la lutte anti-terroriste. Mais ces derniers temps, ce n’est plus le beau fixe entre la France et les Etats-Unis et le renseignement se cherche des solutions plus « locales ».

Alors que Palantir préparerait avec Morgan Stanley son IPO, la France cherche à s’affranchir de l’entreprise américaine cofinancée par Peter Thiel. Celle-ci, spécialisée dans le Big Data, est bien connue pour sa très grande proximité avec la CIA et le Pentagone (et contrairement à Kaspersky avec le FSB, ces liens là sont avérés). Ce que les autorités françaises ont un peu en travers de la gorge.

Les problèmes de dépendance des services de renseignement de l’Hexagone aux composants et technologies américaines ne sont guère plus un secret. Guillaume Poupard, le patron de l’ANSSI, s’en était d’ailleurs ouvert devant la commission des forces armées de l’Assemblée Nationale. « Il va de soi qu’il faut par exemple déconnecter les logiciels Palantir, qui permettent d’effectuer des recherches dans les données, car il est hors de question que l’éditeur de Palantir ait accès aux données opérationnelles traitées par le logiciel. Or, c’est de plus en plus compliqué » expliquait alors le directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information.

Le grand œil de Washington

Il ajoutait d’ailleurs qu’il existe « une volonté globale de créer une alternative française de confiance [à Palantir], et la DGA y travaille ». Or, selon Bloomberg, cette recherche d’une alternative, qu’elle soit française ou européenne, s’est grandement accélérée depuis que le Président américain ait qualifié en juillet dernier l’Union européenne « d’ennemie des Etats-Unis ». A nos consœurs du site américain, le directeur de la DGSI,  Laurent Nunez, a confié en juillet « travailler maintenant à promouvoir une offre française ou européenne. Nous visons un objectif de lancement d’un outil pour toutes les agences de renseignement. Et de nombreuses entreprises sont intervenues ».

Il n’a par ailleurs guère échappé aux observateurs avertis que le ministère des Armées met ces derniers temps les bouchées doubles en termes d’investissements dans la recherche et développement militaire. En est témoin la création le 1er septembre de l’Agence de l’Innovation de Défense, rattachée à la Direction générale de l’armement et dont le pilotage est assuré par Emmanuel Chiva, bio-informaticien de formation passé par plusieurs entreprises spécialisée dans la défense.