StopCovid pas prêt pour le 11 mai ? La faute à Apple !

Peut-on raisonnablement déployer rapidement une application efficace de contact tracing sur mobile avec une large adoption sans chercher à coopérer avec Apple et Google ? Le principe de l'application TraceTogether déployée à Singapour et dont s'inspire ROBERT le protocole retenu par l'Inria pour StopCovid. C’est bien la question que pouvaient se poser les sénateurs membres de la commission des Lois qui auditionnaient lundi à huis clos le secrétaire d’État au Numérique. Car Cédric O leur a avoué son impuissance : sans le concours d’Apple impossible d’obtenir que le Bluetooth LE soit bien en fonction sur le mobile de l’utilisateur déconfiné si l’application StopCovid n’est pas active. « Apple refuse à ce stade d’autoriser que [le Bluetooth] fonctionne sur la future appli quand elle n’est pas active, a déclaré Cédric O aux sénateurs. Or il faudrait absolument débloquer ce point technique pour rendre StopCovid efficace ». Le débrayage par défaut de Bluetooth est une mesure de sécurité standard et permet aussi de gagner en autonomie. C’est une limitation technique volontaire d’iOS. Mais la coopération entre Apple et Google doit permettre à terme (après mise à jour des systèmes d’exploitation), au-delà de l’API d’interopérabilité, d’améliorer le fonctionnement et l’efficacité des applications développées pour les autorités sanitaires.

42 députés réclament un vote sur StopCovid

Dans l’attente d’en savoir plus sur StopCovid, l’app mobile qui doit permettre à une personne ayant été approchée par une autre personne ayant été déclarée malade d’être alertée et de se soigner, les parlementaires réclament plus de transparence et de démocratie à ce sujet. 42 députés -dont Paula Forteza, Matthieu Orphelin- issus de toutes les formations à l’exception de La France Insoumise ont déposé ce mardi matin une nouvelle proposition de résolution demandant un vote sur le contact tracing lors du débat (le 28 avril à l’Assemblée nationale). Il semblerait que le Premier ministre n’exclut plus cette hypothèse d’un vote des parlementaires. Car il y a bien matière à débat et à vote. En effet le choix par le gouvernement français et de l’Inria de ROBERT plutôt que de DP3T comme protocole de contact tracing ou proximity tracing n’est pas neutre. Le premier est un peu plus centralisé (avec backend) et un peu moins respectueux de la confidentialité des données personnelles que le second qui lui est davantage distribué. Jusqu’à présent DP3T comme ROBERT s’inscrivaient dans l’initiative européenne PEPP-PT (Pan-European Privacy Preserving Proximity Tracing). Mais suite à la publication en fin de semaine dernière de ROBERT (par l’Inria et Fraunhofer) plusieurs organismes de recherche se sont retirés de PEPP-PT dont l’EPFL et l’EPFZ (Suisse) à l’origine de DP3T.