227 salariés d'Alphabet viennent de créer un syndicat au sein du géant. L'Alphabet Workers Union ne s'adresse pas aux seuls employés de Google, mais aussi aux "travailleurs contractuels" et entend s'attaquer à certaines pratiques en vigueur à Mountain View.
Les employĂ©s du secteur amĂ©ricain de la tech commencent Ă sâorganiser en syndicats. Lâan dernier, les salariĂ©s de la plateforme de financement participatif Kickistarter formait un premier syndicat, au grand dam de la direction, suivi par ceux de Glitch plus tard en 2019. Câest dĂ©sormais autour dâAlphabet dâĂȘtre concernĂ©. 227 salariĂ©s de la maison-mĂšre de Google viennent de former lâAlphabet Workers Union, sous lâĂ©gide de lâassociation Communication Workers of America.
Cette dĂ©cision suit une longue pĂ©riode de mouvements de contestations en interne. Lâopposition aux projets Maven et Dragonfly de la part dâune partie des salariĂ©s du gĂ©ant a ainsi menĂ© la direction Ă se justifier, Ă faire machine arriĂšre sur ses projets controversĂ©s et Ă promulguer de nouvelles rĂšgles, sur les usages des technologies dĂ©veloppĂ©es par exemple. Lorsquâil fut rendu public quâAlphabet avait amĂ©nagĂ© de confortables parachutes dorĂ©s Ă des cadres accusĂ©s de harcĂšlement sexuel, plusieurs milliers dâemployĂ©s se sont mis en grĂšve. Plus rĂ©cemment, le renvoi dâune chercheuse en IA, Timnit Gebru, qui critiquait les biais raciaux dans les modĂšles algorithmiques, mettait Ă nouveau le feu au poudre.
Un syndicat chez un GAFAM
Outre ces sujets amplement mĂ©diatisĂ©s, les pratiques RH de Google sont sujettes Ă controverse, au point que le gĂ©ant fait lâobjet dâune plainte dĂ©posĂ©e le mois dernier pour des violations rĂ©pĂ©tĂ©es du National Labor Relations Act, qui interdit aux sociĂ©tĂ©s dâespionner leurs salariĂ©s et dâuser de reprĂ©sailles Ă lâencontre dâemployĂ©s cherchant Ă faire valoir leurs droits. Ainsi Alphabet sâest vu reprocher de "saquer" les meneurs du mouvement de protestation contre les Ă©gards accordĂ©s Ă dâanciens cadres accusĂ©s dâinconduite.
La formation dâAlphabet Workers Union est la consĂ©quence de lâattitude de la direction de lâentreprise Ă lâĂ©gard de ses salariĂ©s, Ă en croire Parul Koul et Chewy Shaw, prĂ©sidente et vice-prĂ©sident de ce nouveau syndicat, dans une tribune au New York Times. âA maintes reprises, les chefs de l'entreprise ont fait passer les bĂ©nĂ©fices avant nos prĂ©occupations. Nous nous unissons - intĂ©rimaires, fournisseurs, sous-traitants et employĂ©s Ă temps plein - pour crĂ©er une voix unifiĂ©e pour les travailleurs. Nous voulons qu'Alphabet soit une entreprise oĂč les travailleurs ont un mot Ă dire dans les dĂ©cisions qui nous concernent et les sociĂ©tĂ©s dans lesquelles nous vivonsâ Ă©crivent-ils.
Quelle reconnaissance ?
Lâorganisation compte pour lâheure 227 salariĂ©s, mais est ouverte Ă©galement aux salariĂ©s Ă temps partiel et aux employĂ©s des sous-traitants dâAlphabet, dont certains avaient protestĂ© avec succĂšs contre leur traitement, obtenant notamment un congĂ© parental et une assurance maladie. Son objectif est moins de peser dans dâĂ©ventuelles nĂ©gociations avec la direction, qui assure prĂ©fĂ©rer Ă©changer directement avec ses salariĂ©s, que de se faire Ă©cho des prĂ©occupations des employĂ©s du gĂ©ant de Mountain View.
Mais il faudra pour ce faire que le syndicat soit reconnu par Alphabet. Chez Kickstater, la direction avait refusĂ© de lĂ©gitimer le syndicat crĂ©Ă© par ses salariĂ©s, contraignant lâorganisation Ă passer par une Ă©lection. Ce qui avait abouti au mĂȘme rĂ©sultat, mais avec dix mois de retard. Reste Ă savoir comment le gĂ©ant, accusĂ© dâempĂȘcher ses salariĂ©s de former ce genre dâorganisations, rĂ©agira.