Formation aux blockchains : la sensibilisation avant la technique

Avant de lancer un projet blockchain, il faut bien comprendre de quoi on parle. Outre la littérature déjà très abondante sur le sujet, des formations existent, dédiées principalement à la sensibilisation et à la compréhension de ces technologies.

Selon les analyses réalisées par UpWork et Burning Glass Technologies, la demande de compétences dans le domaine des blockchains a doublé voire triplé en 2017. La plate-forme de recrutement de freelances et le cabinet d’études imputent cette hausse au nombre croissant de projets blockchain. IBM ou encore SAP en ont fait leur nouveau cheval de bataille, Facebook explore le sujet tandis que Microsoft et AWS proposent depuis peu des offres Blockchain-as-a-Service. UpWork compare d’ailleurs la blockchain aujourd’hui au Cloud dans les années 2000 : des technologies « en vogue et inexplorées ».

Qui dit nouvelles technologies dit apprentissage. En France, les offres de formation aux blockchains fleurissent depuis l’an dernier. Mais le sujet est encore neuf et les entreprises hexagonales sont encore en phase exploratoire. « Ce sont des technologies très jeunes, très diverses et qui évoluent très vite », nous explique Clément Jeanneau, cofondateur et directeur du pôle ICO & Tokens de Blockchain Partner, une start-up spécialisée dans le domaine. Force est de constater que ces stages, séminaires et autres sont tournés vers la compréhension de ces problématiques, des enjeux et vers les possibilités de mise en œuvre au sein de l’entreprise.

Orientées décideurs

Les formations proposées, que ce soit par Orsys, Blockchain Partner, Capgemini ou encore IB Formation, abordent la blockchain en suivant globalement le même modèle. Il s’agit avant tout de « faire un état de l’art sur la technologie », selon Jean-Emmanuel Roux, responsable de l’Offre Technologies Numériques pour Orsys. Sont traités les propriétés et les principes de la Blockchain, son historique, son contexte, sa gouvernance, ses intérêts à travers ses fonctionnalités, son fonctionnement, les défis qu’elle présente, ses limites, ses outils ainsi que ses applications concrètes. Le tout agrémenté d’études de cas pratiques. L’objectif commun à toutes ces formations est « de permettre aux décideurs, dans les assurances, les banques, chez les opérateurs téléphoniques, etc., de monter rapidement en compétence sur un sujet et de savoir comment orienter sa stratégie à terme, comment utiliser la blockchain », indique Jean-Emmanuel Roux.

Ateliers exploratoires

Les différentes offres varient à la marge, en fonction des spécificités de l’organisme formateur et des intervenants. 

Par exemple, Blockchain Partner est avant tout une ESN dédiée à la blockchain, comprendre qu’elle propose un accompagnement des entreprises souhaitant la déployer, du conseil en stratégie au développement de PoC. C’est pourquoi son offre de formation s’adapte à son client, informant sur les bonnes pratiques et les stratégies en fonction du contexte de l’entreprise. La start-up organise ainsi des « ateliers exploratoires » de trois demi-journées lors desquels les participants seront mis à niveau, après quoi ils se livreront avec les formateurs à une phase brainstorming et d’exploration des cas d’usages adaptés à leur contexte. Dans un troisième temps enfin, il s’agira de faire ressortir un ou deux cas d’usage, les plus pertinents pour l’entreprise en question. La plupart des formations se présentent sous forme de séminaires allant de quelques heures à plusieurs jours. 

Orsys a lancé son premier cours sur la Blockchain en septembre dernier, un séminaire de deux jours qualifié de cours de synthèse, théorique, par opposition à des ateliers centrés sur la pratique. 

De même, Capgemini organise via son institut un séminaire de deux jours faisant intervenir Benjamin Faraggi, CEO et fondateur de Spuro, un éditeur de plate-forme Blockchain. 

Ègalement, des Moocs abordent les questions de blockchain. C’est le cas notamment d’un cours « Comprendre le Bitcoin et la Blockchain » de dix heures proposé sur OpenClassrooms. 

Blockchain Partner est pour sa part partenaire de Lean Assembly sur un Mooc Blockchain comprenant un webinaire, des vidéos explicatives, un quiz et des ressources complémentaires. La jeune pousse organise des interventions, des conférences dans les entreprises, réunissant de 50 à 200 personnes, dont certaines viennent des « métiers ». « Dans nos ateliers, nous souhaitons des gens issus des métiers afin de conjuguer notre expertise blockchain et leur expertise métier », précise Clément Jeanneau.

Et les petites mains ?

Pour autant il serait erroné de croire que les participants à ces formations sont majoritairement issus des métiers ou du développement. Jean-Emmanuel Roux souligne que Orsys ne veut pas restreindre l’accès à sa formation, celle-ci étant ouverte sans prérequis « aux RSSi, architectes, développeurs, admin sys et réseau, etc. ». Mais dans la pratique, les personnes formées sont pour le moment « principalement des décideurs en charge de l’organisation des SI, des DSI qui viennent prendre le pouls ». Chez Blockchain Partners, on identifie plutôt des personnes « qui viennent de la direction de l’innovation et des comités exécutifs, de façon assez diversifiée, des directeurs achats par exemple, et dans une moindre mesure de la direction des services informatiques », détaille Clément Jeanneau. Quid des petites mains ? Des développeurs, des intégrateurs et autres profils opérationnels ?

Pour l’heure, les formations techniques sur la Blockchain, ses outils et ses langages, ne sont pas légion. Quelques organismes proposent des ateliers, Dawan ou l’Ecan, avec des formations sur Solidity et sur la programmation de smart contracts. Blockchain Partner, de son côté, explique ne pas proposer de formation technique « car il n’y a pas suffisamment de demande de nos tarifs ». Pour autant le domaine se développe. Ainsi Orsys devrait très prochainement ajouter de nouveaux cours, en processus d’élection au moment où nous écrivons ces lignes. Il s’agit de deux stages pratiques portant sur la mise en œuvre d’Hyperledger Fabric et sur le langage Go pour l’un et d’Ethereum avec Solidity pour l’autre.