Les applications mobiles de Didi Chuxing suspendues par PĂ©kin

Les autoritĂ©s chinoises ne plaisantent pas avec la protection des donnĂ©es personnelles. Le gĂ©ant des VTC, accusĂ© de discrimination sur les prix basĂ©s sur l’exploitation des informations de ses utilisateurs, vient de voir ses applications mobiles suspendues, ainsi que toute nouvelle inscription Ă  sa plateforme, le temps qu’il se mette en conformitĂ©.

Il n’a pas fallu longtemps au rĂ©gulateur chinois pour agir contre Didi Chuxing. A l'aube de l’IPO du gĂ©ant chinois des VTC, PĂ©kin annonçait l’ouverture d’une enquĂȘte visant la sociĂ©tĂ©. Quelques semaines plus tard, l'entreprise levait 4,4 milliards de dollars Ă  Wall Street, avec une valorisation de 67 milliards de dollars. Puis le 4 juillet, la plateforme Ă©cope d’une premiĂšre sommation.

Le Bureau de la Commission centrale des affaires du cyberespace, ou plus simplement CAC (Cyberspace Administration of China) reproche Ă  Didi une « infraction grave de la rĂ©glementation en matiĂšre de collecte et d’utilisation des donnĂ©es personnelles des utilisateurs Â», sans fournir plus de dĂ©tails. Le rĂ©gulateur exige que l’entreprise se mette en conformitĂ© et « protĂšge les donnĂ©es personnelles de ses utilisateurs Â».

Et si la Cnil se contente chez nous d’une mise en demeure, les autoritĂ©s chinoises sont quelque peu plus radicales : toute nouvelle inscription sur la plateforme de Didi Chuxing est suspendue, tandis que les applications de l’entreprise ont Ă©tĂ© retirĂ©es des boutiques applicatives, le temps de l’enquĂȘte. A noter que le service fonctionne encore pour les utilisateurs actuels.

Discrimination sur les prix

L’Administration d’Etat pour la rĂ©gulation du marchĂ© a pris le relais du CAC en accusant Didi de discrimination sur les prix. Dans le dĂ©tail, le service de VTC est accusĂ© de « ć€§æ•°æźæ€ç†Ÿ Â», ou « utiliser le big data pour discriminer les clients fidĂšles Â», une pratique consistant Ă  collecter et exploiter massivement les donnĂ©es personnelles des citoyens chinois, telles que l’ñge, le genre ou encore les habitudes de consommation, de sorte Ă  dĂ©terminer le prix d’un service pour un client donnĂ©.

La Chine ne s’est pas dotĂ©e d’un cadre lĂ©gislatif relatif Ă  la protection des donnĂ©es personnelles Ă  l’image du RGPD et de notre loi Informatique et LibertĂ©s, mais PĂ©kin a Ă©dictĂ© ces derniers mois un ensemble de rĂšgles relatives Ă  la rĂ©gulation des plateformes en ligne, de l’antitrust Ă  la concurrence dĂ©loyale en passant par l’utilisation des donnĂ©es personnelles. C’est sur ces directives avalisĂ©es en fĂ©vrier dernier par le Bureau des Affaires de l’Etat chinois que s’appuie l’offensive lancĂ©e contre le VTC. Didi Chuxing dispose de 45 jours pour se mettre en conformitĂ© avec la rĂ©glementation.