Le G7 s’accorde sur une taxation des multinationales

Taxe Gafam, le retour de la vengeance du fisc ! Le G7 s’est finalement entendu sur la trĂšs attendue taxation des multinationales, notamment des gĂ©ants du numĂ©rique. Les grandes entreprises seront donc susceptibles d’ĂȘtre taxĂ©es Ă  hauteur de 15% des bĂ©nĂ©fices rĂ©alisĂ©s localement. A condition qu’elles aient un taux de marge d’au moins 10%... et que l’OCDE soit d’accord... et que l’on trouve un moyen d’appliquer cette taxe.

C’est un “accord historique” aux dires des participants du G7. Dont le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, qui dans un tweet se rĂ©jouit : “aprĂšs 4 ans de combat, un accord historique a Ă©tĂ© trouvĂ© avec les États membres du G7 sur la taxation minimale sur les entreprises et sur les gĂ©ants du numĂ©rique”. Ne sont nĂ©anmoins pas concernĂ©s que les seuls gĂ©ants du numĂ©rique, mais toute entreprise multinationale au-delĂ  d’un certain seuil de revenu. 

Mais il faut rendre Ă  CĂ©sar ce qui est Ă  CĂ©sar : l’accord est bel et bien historique, ne serait-ce que pour la position amĂ©ricaine. L’administration Biden s’est en effet rangĂ©e du cĂŽtĂ© des partisans de cette taxation, Ă  rebours des USA de Donald Trump, fermement opposĂ©s Ă  cette rĂ©forme fiscale, quitte Ă  sanctionner ceux qui, comme la France, voulaient faire cavalier seul en imposant les GAFAM sur leur sol. Joe Biden a donc permis la relance des discussions au niveau des instances internationales. 

Ainsi, le G7 s’est entendu sur une taxation Ă  hauteur de 15% des bĂ©nĂ©fices des multinationales dans les pays oĂč ils sont rĂ©alisĂ©s. On est loin des taux d’imposition français, qui dĂ©passent les 30%, mais c’est dĂ©jĂ  un premier pas qui rejoint peu ou prou les taux prĂ©vus dans le projet de l’OCDE. Reste dĂ©sormais Ă  transformer l’essai, d’abord devant le G20 puis l’ensemble des membres de l’OCDE. La tĂąche s’annonce dĂ©jĂ  plus compliquĂ©e. 

Sauf que...

D’autant que le projet fiscal du G7 fait l’impasse sur un point qui paraĂźt pourtant essentiel : comment taxer les bĂ©nĂ©fices rĂ©alisĂ©s dans un pays mais dĂ©clarĂ©s dans un autre, Ă  la fiscalitĂ© plus clĂ©mente et qui ne se sentira sans doute pas concernĂ© par cette taxe de 15%. Pour Bruno Le Maire, il est certain que la France rĂ©cupĂšrera la diffĂ©rence, mais lĂ  encore il n’entre pas dans le dĂ©tails du comment. Le sujet est Ă  l’étude au sein de l’OCDE, sans qu’une solution idĂ©ale ne se dĂ©tache (Ă  moins d’un formidable Ă©lan de coopĂ©ration fiscale de l’ensemble des Etats membres). 

Autre souci, le taux de 15% ne s’applique pas Ă  toutes les multinationales. PremiĂšre condition : elles ne seront prĂ©levĂ©es sur leur bĂ©nĂ©fices qu’à la condition qu’elle fasse plus de 10% de marge. Facile, s’exclament certains. D’autres, bien connaisseurs du secteur de la tech, ne pourront s’empĂȘcher de lever le liĂšvre : ce trimestre, la marge nette d’une petite PME internationale du nom d’Amazon s’élevait Ă ... 6,42%. Ce qui exempte le gĂ©ant du e-commerce de ce taux (Ă  moins que soit prise en compte non pas la marge nette mais la marge EBITDA). Bref, il reste du chemin Ă  faire avant que soient correctement imposĂ©s les gĂ©ants du numĂ©rique.