Spyware : WhatsApp poursuit NSO en justice

Le service de messagerie instantanĂ©e a dĂ©posĂ© une plainte visant l’entreprise israĂ©lienne NSO. Cette sociĂ©tĂ© spĂ©cialisĂ©e dans la surveillance est accusĂ©e d’avoir exploitĂ© une faille de WhatsApp pour espionner plusieurs centaines de cibles, notamment des journalistes et des activistes.

En mai dernier, Facebook publiait une note de sĂ©curitĂ© annonçant la correction de CVE-2019-3568. Cette faille affectait WhatsApp depuis sa version 2.19 et permettait par un dĂ©passement de mĂ©moire tampon dans la pile VOIP WhatsApp l’exĂ©cution de code Ă  distance via une sĂ©rie de paquets SRTCP spĂ©cialement conçue qui Ă©tait envoyĂ©e Ă  un numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone cible. Cette vulnĂ©rabilitĂ© avait Ă©tĂ© exploitĂ©e.

En l’occurrence par le malware Pegasus, dĂ©couvert en 2016 par Lookout. Ce spyware a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© non pas par de mĂ©chants hackers Ă  capuche mais par une entreprise on ne peut plus lĂ©gale, la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne NSO Group. Celle-ci est spĂ©cialisĂ©e dans l’élaboration d’outils de surveillance qu’elle vend Ă  diverses agences gouvernementales. Dont ce programme exploitant une faille de WhatsApp trĂšs mĂ©diatisĂ©e.

Facebook a trĂšs moyennement apprĂ©ciĂ© la plaisanterie et annonce avoir dĂ©posĂ© une plainte auprĂšs de la cour du district Nord de Californie Ă  l’encontre de NSO Group, Ă©galement connu notamment en Europe sous le nom de Q Cyber Technologies. Dans ce document, WhatsApp dĂ©nonce une attaque entre avril et mai 2019 destinĂ©e Ă  infecter les terminaux de « cibles ». 1400 appareils auraient ainsi Ă©tĂ© touchĂ©s par Pegasus. Et ce sans que WhatsApp ne donne son feu vert Ă  cette opĂ©ration de surveillance.

Espionnage ciblé

La messagerie ajoute que la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne a Ă©tĂ© dans l’incapacitĂ© de casser le chiffrement de bout en bout de ses communications, d’oĂč le dĂ©veloppement de ce malware exploitant une vulnĂ©rabilitĂ© de la pile VOIP pour accĂ©der aux contenus des tĂ©lĂ©phones visĂ©s. La filiale de Facebook requiert du tribunal des dommages et intĂ©rĂȘts, mais aussi que la sociĂ©tĂ© et toute personne lui Ă©tant liĂ©e soient littĂ©ralement bannis de Facebook, WhatsApp et autres.

Surtout, si Pegasus a fait coulĂ© autant d’encre, c’est du fait de son usage. Pas de surveillance de masse ici, mais de l’espionnage ciblĂ© visant des activistes et des journalistes. Parmi lesquels Jamal Khashoggi par le biais d’un logiciel vendu par NSO Ă  l’Arabie Saoudite et les proches de Javier Valdez, lĂ  encore par un clone de Pegasus vendu aux autoritĂ©s mexicaines. Tous deux ont Ă©tĂ© assassinĂ©s.