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Huawei a testé et validé une IA capable de « détecter » les Ouighours

Les Ouighours, minorité musulmane du nord-ouest de la Chine, continuent d’être traqués et persécutés par les autorités gouvernementales chinoises. Et tous les outils technologiques sont les bienvenus pour accroître leur surveillance.

Le géant chinois des télécommunications Huawei a testé une intelligence artificielle capable de détecter des membres de la minorité et d’alerter les autorités, a révélé le Washington Post le 8 décembre 2020. Le quotidien américain s’appuie sur une note interne repérée par IPVM, autorité mondiale de la surveillance vidéo, et brièvement publiée, avant d’être rapidement retirée, sur le site de l’entreprise.

Cette note, datée du 8 janvier 2018, classée confidentielle et validée par Huawei, fait mention d’une technologie de reconnaissance faciale mise au point par l’entreprise Megvii. Après calcul d’informations telles que la taille, l’âge ou le sexe, le logiciel générait des « alertes Ouighours » pour être transmises à la police chinoise. 12 logiciels de reconnaissance faciale capables de reconnaître les Ouighours sont déjà utilisés par la police chinoise selon un article d’IPVM daté de novembre 2019.

Sous surveillance technologique

L’information du Washington Post s’ajoute aux révélations de l’ONG Human Rights Watch sur la mise en place d’une application mobile aux motifs identiques en mai 2019 et confirme la volonté du gouvernement chinois de placer sous surveillance technologique les 13 millions de personnes se revendiquant de la minorité.

« Le gouvernement chinois surveille tous les aspects de la vie des habitants du Xinjiang, repère ceux dont le comportement lui semble suspect, et les guette de manière encore plus intense », avait déclaré Maya Wang, chercheuse sur la Chine chez Human Rights Watch, aux Echos.

Outre le traçage numérique, des millions d’ouïghours ont été placés dans des camps d’internement. En 2019, le gouvernement américain estimait leur nombre à 3 millions. Un chiffre plus proche de 8 millions selon l’anthropologue et spécialiste de la minorité Sylvie Lasserre, interrogée le 5 décembre dernier par TV5 Monde.