5G : peu de risques pour la santé selon l’Anses

C'est un avis tout en nuances que l'Anses vient de publier. L’exploitation pour les réseaux 5G de la bande 3,5 GHz ne présente probablement pas de nouveaux risques pour la santé, tente timidement l'agence, qui ajoute ne pas avoir suffisamment de données sur la bande 26 GHz pour se prononcer et que, sur les radiofréquences en général, les recherches doivent se poursuivre.

Qu'il était attendu le rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l'environnement et du travail ! L'Anses devait se prononcer sur les risques sanitaires éventuels de la 5G. Non pas que le gouvernement l'ait attendue pour autoriser l'exploitation des bandes de fréquences dédiées, ni que les opérateurs aient patienté avant de lancer les déploiements. Mais partisans comme détracteurs de la 5G comptaient sur cette analyse pour étayer leurs positions respectives selon que l'Anses estime la 5G dangereuse ou non pour la santé. 

Force est de constater, au jour de la publication dudit rapport, que les débats ne sont pas prêts de se tarir. Car l’Anses livre des conclusions en demi-teinte, sans trancher dans le vif. Sur les bandes déjà exploitées par les opérateurs, entre 700 MHz – 2,1 GHz, l’agence se fonde sur ses travaux antérieurs. Lesquels indiquent qu’il n’existe “à l’heure actuelle pas de preuve d’effet sanitaire lié à des expositions à des sources de champs électromagnétiques correspondant aux usages numériques courants”. Rien ne change de ce côté-ci, puisque encore et toujours “l’examen d’effets éventuels, comme le développement de cancer, l’altération du fonctionnement cérébral ou de la fertilité, continue cependant de faire l’objet de travaux de recherche et d’évaluation”.

Manque de données

Sur les bandes qui nous intéressent, la 3,5 GHz est d’ores et déjà exploitée pour la 5G, mais cette ouverture commerciale est très récente. De sorte que l’exposition qui en résulte à l’heure actuelle n’est pas “représentative de ce qu’elle sera dans le futur”. En résumé, l’Anses manque encore de données. Elle a toutefois mené quelques investigations supplémentaires, sans succès faute de faisabilité de ses extrapolations. Elle se fonde donc sur les travaux de l’ANFR et ceux menés à l’étranger pour considérer que rien ne laisse “présager, en l’état des connaissances, d’augmentation importante de l’exposition de la population”. 

On reste quelque peu sur notre faim, et ce ne sont pas les considérations relatives à la bande 26 GHz qui nous rassasieront. Car l’exploitation de ces fréquences est encore à l’état de projet, il n’y a donc pas de données disponibles. Néanmoins, considérant la bande millimétrique dans son ensemble (18 à 100 GHz), l’Anses “a cherché à apprécier l’exposition probable dans la bande 26 GHz : elle se différencie des autres bandes de fréquences par une profondeur de pénétration des ondes dans le corps beaucoup plus faible, de l’ordre du millimètre, exposant des couches superficielles de la peau ou de l'œil”. Prédiction : des niveaux d’exposition très faibles, mais impossible d’en tirer des conclusions pour l’heure. 

Des recherches à poursuivre

L’Anses entend donc poursuivre ses recherches, en prenant en compte “de points nouveaux d’attention (par ex. l’intermittence des signaux ou l’exposition des couches superficielles pour la bande 26 GHz)” ainsi que le développement du parc d’antennes 5G. Le tout est accompagné d’une consultation publique autour de ces premiers résultats, démarrant aujourd’hui pour six semaines. 

Ainsi, le rapport de l’Anses confortera les anti-5G dans leur conviction qu'il existe un risque sanitaire, puisque son absence n’est pas formellement démontrée. Et dans le même mouvement l'Anses rassure les pro-5G. Le gouvernement a immédiatement dégainé un communiqué, estimant que le rapport “confirme l’absence de nouvel impact sanitaire avéré et conforte les choix du Gouvernement sur le lancement de la 5G”. Pour Cédric O, secrétaire d’Etat au Numérique, “les conclusions de l’Anses publiées aujourd’hui confortent notre décision d’autoriser le déploiement de la 5G et l’approche rigoureuse dont nous faisons preuve en matière de contrôle de l’exposition aux ondes. La recherche sur les effets sanitaires de cette technologie doit se poursuivre et s’intensifier”. Néanmoins l’exécutif promet de mobiliser la communauté scientifique afin de se pencher sur les interrogations soulevées par ce rapport.