Les Etats-Unis espionnent les entreprises françaises selon la DGSI
par Guillaume Périssat, le 15 novembre 2018 16:31 
Et ce n’est pas vraiment une surprise ni une révélation. Il est de notoriété publique que nos alliés américains n’hésitent pas à « jeter un œil » à ce que font les entreprises françaises, notamment Airbus, à l’aide de méthodes que l’on peut qualifier d’espionnage économique. Les différentes révélations quant aux programmes du renseignement américain abondent en ce sens. Et cette fois-ci, c’est la DGSI qui le dit.

La guerre industrielle entre Airbus et Boeing dure depuis plusieurs décennies et certains de ses épisodes sont dignes d’un roman d’espionnage. On se rappellera notamment de l’affaire de la Saudi Arabian Airlines, qui avait finalement changé son fusil d’épaule préférant au dernier moment l’Américain au Français. On apprendra plus tard par la Commission européenne que le renseignement américain avait donné un coup de pouce à Boeing en espionnant les échanges entre Paris et Riyad.
L’espionnage économique n’a donc rien de neuf, y compris entre alliés, et la note de six pages de la DGSI transmise à l’exécutif et dévoilée par Le Figaro pourrait ne pas avoir grand-chose à nous apprendre. Mais le service de renseignement français signale un point fort intéressant : depuis l’élection de Donald Trump, les agences américaines semblent avoir remis une couche de patriotisme économique, redoublant d’agressivité dans l’espionnage des entreprises françaises.
Un renseignement fort entreprenant
Notre confrère du Figaro rapporte de la note que les services de renseignement américains « déploient une stratégie de conquête des marchés à l'export qui se traduit, à l'égard de la France en particulier, par une politique offensive en faveur de leurs intérêts économiques ». Sont tout particulièrement ciblés les secteurs de l’aéronautique et de la santé et plus globalement le monde de la recherche.
Ainsi, dans le cas d’Airbus, les yeux et les oreilles de Washington ont eu recours à un cabinet d’avocat américain, employé par Airbus, qui a permis dans le cadre d’audits de conformité « en matière de lutte contre la corruption » de disposer de données stratégiques de l’avionneur et notamment de la cartographie de ses intermédiaires, contacts et partenaires à l’international. Et ce depuis 2015.
Autres méthodes employées : financer des chercheurs français ou encore investir dans des sociétés afin, là encore, d’avoir accès à leurs données.