Le phénomène des « fake news » n’est pas nouveau, néanmoins il a pris de l'ampleur ces derniers mois. La campagne des présidentielles américaines a été émaillée de plusieurs affaires du genre, poussant la candidate malheureuse Hillary Clinton à alerter l'opinion sur cet inquiétant phénomène. Le président américain Donald Trump ne se prive d’ailleurs pas de qualifier, d’un ton souvent lapidaire, le travail des médias qui lui sont hostiles dudit qualificatif de fake news : CNN y a eu droit durant une conférence de presse début janvier durant laquelle nos confrères se sont vus reprocher de « faire de la désinformation ».
Satiriques ou avec une intention de nuire, les sites diffusant de fausses informations se sont multipliés ces dernières années. On se souvient par exemple de Christine Boutin, ex-ministre de Nicolas Sarkozy, citant fièrement sur le plateau de BFMTV un tweet de Le Gorafi… C’est aussi un signe que la planète média est entrée dans une période de turbulence. En guise de réaction, nos confrères du Monde/Les décodeurs ont choisi de réagir : ils mettront en ligne le 1er février un « Decodex ».

Le Decodex, pour y voir plus clair
Sur Internet, la question de la confiance est cruciale, et les exemples d'informations trompeuses se multiplient. Decodex est un outil qui tentera d’apporter de la clarté dans un Web parfois obscurci. Bien entendu, il faudra partir du postulat que vous faites confiance au Monde… Si c’est le cas, l’internaute aura alors droit à une classification de sites d’informations en tous genres via des pastilles de couleurs comme le rapporte l’AFP : en gris les sites collectifs (comme Wikipedia), en bleu les sites parodiques (LeGorafi, NordPresse, etc.), en rouge les sites non fiables/complotistes/trompeurs ou avec une vocation de manipulation de l’opinion (IVG.net en fera partie), en orange les sites peu fiables et/ou très orientés (FdeSouche par exemple) et enfin en vert les sites très fiables.

Extensions, chatbot... et open source
La base de données comptera 600 sites Web dans un premier temps ; français pour la plupart mais aussi anglais, américains et allemands. Mais Decodex se veut plutôt comme une boîte à outils car effectivement il n’y aura pas la nécessité de passer par le site des Décodeurs pour accéder à la catégorisation des sites Web. Précisons que pour ce projet, le média a reçu le soutien financier du Fonds pour l'Innovation Numérique de la Presse, initié par Google, selon Arrêt sur Images.
Decodex prendra donc plusieurs formes, dont une première qui sera une sorte de moteur de recherche baptisé « Verificator ». Celui-ci sera mis en ligne sur le site des Décodeurs, dès demain, a priori sur la page d’accueil. Il suffira d’entrer une URL ou le nom d’un site, et l’outil vous dira si la source est fiable ou non.
Par ailleurs, une extension Chrome/Firefox sera également proposée. Elle vous avertira, au fur et à mesure de vos pérégrinations sur le Web, de la fiabilité des sites que vous consultez. Enfin, un « bot » Facebook Messenger sera également mis en ligne « dédié à la vérification des faits », lit-on sur Digiday.com. L’initiative est intéressante dans la mesure où le réseau social est lui aussi devenu une plaque tournante des informations virales et parfois fausses.

Responsable des Décodeurs, Samuel Laurent explique d’ailleurs que l’initiative est open source ; sans préciser pour l’instant ce que cela sous-entend. « C’est quelque chose que nous faisons pour la démocratie, parce que nous sommes très inquiets. Le but est de partager nos outils », indique-t-il à Digiday.com.