Un rapport d’information de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale se penche sur le potentiel des objets connectés, tant en terme de développement économique que d’amélioration du quotidien.
L’internet des objets est loin d’avoir pris une place considérable en France, notamment du côté des consommateurs. « Seuls 17 % des Français sont équipés en objets connectés », selon le rapport. Pourtant les deux députées en charge de la mission, Corinne Erhel (PS) et Laure de La Raudière (LR), mettent l’accent sur l’utilité au quotidien des objets connectés.

Big data : « principale source de valeur économique »
« Les objets connectés, lorsqu’ils permettent de mieux maîtriser les conséquences de son comportement, ont pour enjeu de responsabiliser les individus et de les inciter à s’orienter vers des comportements plus vertueux, tant en matière d’habitudes alimentaires, de prévention de risques de santé, de pratiques sportives ou d’amélioration des cycles de sommeil », souligne le texte.
Les deux députées multiplient les exemples, de l’assiette à la balance connectée, qui doivent permettre d’améliorer le quotidien des utilisateurs, sans même qu’ils s’en rendent compte. « Les objets connectés du quotidien pourraient rapidement se fondre dans l’environnement physique traditionnel des utilisateurs », indiquent-elles.
Le rapport insiste également sur le potentiel du big data : les objets connectés produisant une masse énorme de données, il faut les utiliser pour prévoir les besoins et allouer plus de moyens à leur exploitation, notamment dans le service public. « Vos rapporteures sont convaincues que la donnée sera, demain, la principale source de valeur économique », rien de moins. Les députées donnent l’exemple de la grande distribution. Les données récoltées sur des listes de produits achetés et sur les déplacements via des chariots connectés permettraient d’améliorer l’agencement des rayons ou de proposer des paniers individuels prêts à emporter.
Les Français se méfient des innovations
Et pourtant, les Français sont réfractaires à l’entrée dans leur quotidien de l’IoT. Selon le baromètre de la confiance des Français dans le numérique, publié en octobre 2016, par la Caisse des dépôts et consignations, La Poste et l’Association pour l’économie numérique (ACSEL), 54 % des utilisateurs sont « gênés par le fait que les données collectées par les objets connectés soient stockés sur internet ». « Plus préoccupant pour le modèle économique des objets connectés, 81 % des internautes sont gênés par la récolte des données par les réseaux sociaux, à des fins d’utilisation commerciale », souligne le rapport d’information.
Pour remédier à la méfiance des Français « envers des innovations technologiques dont ils ne cernent pas bien les contours », le rapport préconise de « faire évoluer le code de la consommation pour prévoir que les opérateurs de services aux personnes par l’intermédiaire d’objets connectés sont tenus de délivrer à ces personnes une information loyale, claire et transparente », notamment en terme de récolte des données personnelles.
Cependant, cette méfiance envers les objets connectés n’est peut-être pas dénuée de sens. Le rapport fait brièvement le point sur la sécurité de l’IoT, « inquiétante à plusieurs titres ». Les attaques du botnet Mirai ou les failles découvertes sur les caméras connectées ont montré la vulnérabilité des objets connectés. « Les solutions de sécurisation des objets connectés ne sont pas la priorité des constructeurs », pointe le rapport.

De plus, les possibles atteintes à la vie privée augmentent car les objets connectés sont à même de récolter de plus en plus d’informations sur leurs utilisateurs. Le rapport pose donc la question : « l’internet des objets est-il contrôlable ? » Pour les deux députées, la solution réside dans la régulation, souple ou réglementaire que l’Etat doit mettre en place pour s’assurer que l’humain contrôle son environnement connecté et qu’il peut se déconnecter quand il veut.
Des bénéfices économiques attendus
Pour autant, les deux rapporteures veulent mettre l’accent sur les bénéfices que la France pourrait tirer des objets connectés. « L’internet des objets constitue aujourd’hui la première des sept grandes priorités d’actions du plan « Industrie du futur ». L’effet de levier des objets connectés sur les performances de ces entreprises et sur l’industrie française dans son ensemble pourrait être majeur, si ce levier est activé avec justesse », peut-on lire dans le rapport.
En ce sens, pour les rapporteures, la France a tout ce qu’il faut pour se faire une bonne place sur le marché des objets connectés, savoir-faire, technologies de réseaux bas débit avec Sigfox et l’alliance LoRA. Les députées mettent l’accent sur l’importance de la French Tech qui permet des levée des fonds et de distribuer des bourses aux projets les plus innovants. L’IoT Valley de Labège, grâce au projet « campus IoT », devrait devenir « le plus grand espace mondial autour de l’internet des objets », indique le rapport.
Mais des défis restent à relever pour voir les start-up françaises s’imposer. Un environnement fiscal favorable et la reconnaissance juridique de l’innovation sont les deux points soulevés par le rapport. Les start-up françaises mettent en avant la difficulté de se développer et notamment à lever suffisamment de fonds. En outre, les PME-PMI françaises n’ont pas encore réalisé leur transition numérique et ne sont donc pas, pour la plupart, prêtes à utiliser des objets connectés.