La divulgation d’un fichier de parlementaires et collaborateurs encartés UMP suscite l’émoi et la consternation. Seuls les opérateurs de téléphonie mobile vont en profiter car plusieurs d’entre eux ont été inondés de messages d’injures et d’insultes et sont contraints de changer de numéros.
Lionel Tardy, député très au fait des choses numériques, estime selon Le Nouvel Observateur que ce fichier provient du groupe UMP de l’Assemblée nationale. Nous partageons ce point de vue. En effet, si des informations concernant des sénateurs et leurs collaborateurs figurent dans ce fichier qui comporte environ 1000 personnes et plus de 1300 adresses email, les données « sensibles » ne concernent que les seuls membres de l’Assemblée nationale.
En effet, pour les sénateurs ou les députés européens, les informations qui y figurent sont publiques, c'est-à-dire l’adresse email au sénat ou au Parlement Européen ainsi que le numéro de téléphone. En revanche pour les députés, elles sont beaucoup plus sensibles. Ainsi figurent des numéros de portables, la situation maritale, l’âge des enfants voire l’adresse du domicile. Toujours dans « l’Obs », Lionel Tardy indique que certaines fiches sont très récentes et d’autres beaucoup moins. Le député de Haute-Savoie précise que les informations le concernant font état de 5 enfants alors qu’il en a 6 depuis 2007 et font mention d’une attachée parlementaire qui n’est plus en fonction depuis l’été 2007.
Dans un premier temps, le piratage avait été signalé par Eric Valatini qui a alerté Rue89. Nos confrères ont montré l’existence dudit fichier mais n’ont pas dévoilé les informations sensibles et n’ont pas non plus divulgué le lien permettant d’y accéder. Toutefois, cette décision – sage de notre point de vue – n’a pas été partagée et d’autres sites ont rapidement publié le lien permettant d’y accéder et de récupérer les informations. Celles-ci étaient encore disponibles dans l’après-midi du mardi 8 mais le site est désormais indisponible et il semble qu’un vigoureux ménage ait été effectué sur Internet.
En ligne durant 3 jours
La divulgation des données a été réalisée le samedi 5 novembre sur un site baptisé DoxUmp avec l’extension TK, le Tokelau, formé de trois atolls du Pacifique qui dépend de la Nouvelle-Zélande. Selon le whois du registrar, il s’agit d’un nom de domaine gratuit et les coordonnées du déposant ne peuvent nous être communiquées. La police aura sans doute plus de possibilités car l’affaire apparaît extrêmement sensible et comme l’indiquent de manière ironique plusieurs commentaires sur les forums, il est à souhaiter que le ou les auteurs de la divulgation soient très forts sans quoi ils risquent de passer un très sale quart d’heure.
Depuis, l’UMP a décidé de porter plainte contre X pour violation du secret des correspondances et vol de données informatiques par la voix de Christian Jacob, président du groupe UMP de l’Assemblée Nationale. Toutefois, l'affaire soulève un certain nombre de questions. Qui a créé un tel fichier ? Est-il déclaré à la CNIL ? Comment un tel piratage a été possible ?
Un traitement particulier pour J.-F. Copé
La bonne affaire pourrait être pour les opérateurs de téléphonie mobile puisque certains d’entre eux ont décidé de changer de numéros de téléphones. M. Copé indique avoir reçu plusieurs centaines de messages d’injures et d’insultes à caractère très diversifié, selon Le Monde. Il faut dire que le Secrétaire Général de l’UMP avait fait l’objet d’un traitement particulier, l’ensemble de ses données étant accessibles en clair depuis le site doxump.tk, et ce sans procéder à un quelconque téléchargement. Le tout était accompagné de photos de M. Copé en présence de M. Takkiedine. Notons que MM. Estrosi et Ciotti ont fait l’objet du même traitement de « faveur ».
Dans sa page d’accueil, doxump publiait le message suivant : "A tous les gardés à vue des banlieues karcherisées, aux manifestants battus, aux journalistes espionnés, aux demandeurs d'asile ignorés et matraqués, aux Roms stigmatisés, à toutes les victimes de l'UMP, nous vous livrons les coordonnées de l'UMP. Œil pour œil, dent pour dent."